Afsar Ebrahim (Deputy Group Managing Director de BDO) « Nous n’avons pas assez de Chief Financial Officers »

Afsar Ebrahim

Nous n’avons pas suffisamment de Chief Financial Officers à Maurice, déplore Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Director de BDO. Ces professionnels contribuent grandement au succès des plus grandes entreprises, insiste-t-il.

BUSINESSMAG. Le métier d’expert- comptable s’est réinventé, ces dernières années. Il joue désormais un rôle accru au sein de l’entreprise…

On a, en effet, réinventé le métier ces dernières années. L’expert-comptable est devenu un élément stratégique au sein de l’entreprise. C’est surtout le Chief Financial Officer (CFO) qui apporte cette valeur ajoutée stratégique.

Outre sa tâche première, qui est de tenir le livre de compte, le comptable d’aujourd’hui se forme pour devenir aussi gestionnaire et homme de communication. Ce sont les qualités d’un futur CFO. Valeur du jour, il y a beaucoup de comptables, mais très peu de CFO. Il y a une évolution qui se fait. De plus en plus, dans les gros groupes, on voit émerger des CFO de calibre. Le CFO dépasse le cadre du technicien. Il siège sur le Board de l’entreprise comme Finance Director. Le partenariat entre le CEO et le CFO apporte bien souvent beaucoup de succès à l’entreprise.

Pour figurer ce partenariat, allons prendre l’exemple de l’ancien tandem Ronaldo-Rooney de Manchester United. Dans cette configuration, le CEO, c’est Ronaldo et le CFO sera Rooney qui abat le gros du travail.

BUSINESSMAG. Parlons plus de ce CFO. Comment contribue-til à l’efficience de l’entreprise ?

Dans le secteur des services, le CFO a un rôle crucial dans la production et la gestion. Il a aussi tout à gagner en participant à la vente, au pricing et au marketing.

Dans le cas d’une entreprise industrielle, il a beaucoup plus intérêt à gérer la trésorerie, à améliorer le coût de financement, à surveiller que l’approvisionnement est fait de manière efficace et à gérer le fonds de roulement. Ce sont les étapes qui aident l’entreprise à gagner en efficience. C’est aussi le CFO qui doit surveiller de près le cash-flow.

« Les incidents qui ont frappé le monde de la finance résultent de la gourmandise de certaines entreprises qui ont voulu s’enrichir à tout prix et non des comptables »

BUSINESSMAG. Avec l’éclatement de la crise qui a mis au jour les défaillances dans le système de gestion interne des grosses multinationales, les concepts d’éthique, de bonne gouvernance et le respect des normes comptables se sont imposés dans les opérations au jour le jour des organisations. Peut-on dire que l’expert-comptable et l’auditeur ont aujourd’hui une mission sacerdotale ?

C’est une question de culture d’entreprise. Les incidents qui ont frappé le monde de la finance résultent beaucoup plus de la gourmandise.

À n’importe quel prix, on a voulu s’enrichir. Certaines personnes ont opéré en dehors du cadre réglementaire et espéraient s’en sortir. La faute incombait aux traders et non aux comptables.

Quand vous avez un CEO qui est un Investment Banker, cela en dit long sur la culture de l’entreprise. Cela veut dire que cette entreprise est prompte à prendre des risques.

BUSINESSMAG. Avec le développement du secteur financier, comment voyez-vous l’avenir du métier d’expert-comptable ?

À l’avenir, l’expert-comptable aura un rôle élargi dans l’entreprise. C’est une profession noble en pleine expansion. Il faut aussi s’attendre à ce que des experts-comptables émergent comme des entrepreneurs.

Il y a beaucoup de place. Mais il faut aussi comprendre que la profession est non sans risque. On peut facilement se retrouver avec un procès sur le dos, surtout dans le cas des liquidateurs.

Comme dans toutes les professions, il y a malheureusement une poignée de canards boiteux. Mais à Maurice, on peut dire que dans une grande mesure, les experts- comptables font preuve de professionnalisme et adoptent les meilleures pratiques.

Source: http://bit.ly/2KsSwXu


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